La pollution des rivières Tshikapa et kasaï par une mine en Angola
La plupart des grandes rivières transfrontalières du bassin du Kasaï prennent source en Angola et entre par la suite en RD Congo pour rejoindre leurs exutoires. C'est notamment le cas des rivières Kwango, Kwilu, Kwenge, Kasaï, Wamba, Tshikapa, Lovua, Loange, etc. Cette configuration met la RD Congo dans une situation de dépendance vis-à-vis de son voisin. D'autant plus que le bassin du Kasaï en Angola est un territoire moins densémment peuplé et marqué par une activité minière importante le long des rivières (mines de Catoca, Lulo, Luaxe, Cafunfo, KGK, Kaixepa, Kamissombo, Luele, Yetwene, Calonda, Chicapa, Capaia, etc.). On peut dès lors déjà imaginer l'impact de cette activité sur la qualité des eaux dans ce bassin.
A la différence de l'Angola, le bassin du Kasaï en RD Congo est un territoire immense et densémment peuplé avec des villes construites au niveau des confluences des rivières transfrontalières et donc en première ligne en cas des pollutions en amont. Parmi ces villes, on peut citer les plus importantes comme Tshikapa, Ilebo, Kikwit, Bagata, Bulungu et Bandundu.
Incident majeur dans une mine en Angola et ses conséquences en RD Congo
Au mois de juillet 2021 a eu lieu un incident majeur, sur la rivière Tshikapa, aux conséquences très grave. En effet, une mine en Angola a relaché des boues rouges toxiques dans la rivière. La société exploitant la mine a reconnue ce qu'elle a qualifiée " d'incident du système de drainage dans les bassins de rejet " avec comme conséquence le déversement du ferrosilicium, un produit toxique, dans le cours de la rivière Tshikapa (Chicapa). Or, cette dernière rejoint la rivière Kasaï en RD Congo près de la ville de Tshikapa. Ce sont les populations aux abords en RD congo qui se sont aperçus de la pollution à cause de la coloration de la rivière. Toutefois, deux semaines se sont écoulées avant que les autorités angolaises signalent l'incident à leurs homologues congolais qui de leur côté ont fait état de 4 morts et près d'un million de personnées touchées (cas des disenteries et vomissements). La faune aquatique a également payé un lourd tribut avec la mort de dizaine de milliers de poissons ainsi que des hippopotames et crocodiles.
Cette tragédie montre l'importance de créer ou de renforcer les organismes existants de gestion commune des bassins versants internationaux comme la CICOS où tous les acteurs doivent discuter de manière à garantir les intérêts des uns et des autres et surtout définir les règles de bon voisinage entre acteurs et surtout entre états. Bien que pourvoyeur d'emplois et des recettes fiscales, les sociétés minières profitent hélas des reglémentations environnementales moins contraignantes et de la faiblesse des états sur le continent africain.